Depuis fin août à la lecture des articles de Laetitia ainsi qu'à la dynamique qui tourne autour du Seeds of Love d'Isabelle, j'ai eu un irrésistible besoin de faire mes propres semis. En fait, j'avais peur de m'ennuyer et que le jardinage me manque pendant la saison hivernale; ce qui n'arrive jamais bien entendu car je suis toujours accaparé par une autre activité quelque soit la situation.
Bref, ma crise a commencé au début septembre. J'ai commencé à consulter les forums à la recherche d'informations techniques pour éviter les aléas de cette discipline. J'ai en mémoire de nombreux essais avortés dus à la fonte des semis ou à l'étiolement des jeunes pousses.
Petit rappel, le filage est lié à une température trop importante durant la phase de germination ou bien à un manque de soleil. Quand à la fonte des semis, elle se caractérise par l'affaissement brutale de la pousse lié au développement de champignons pathogènes. Un excès d'humidité dans la terre et dans l'air sont à l'origine du problème et le champignon peut être présent dans le terreau ou la graine ...
Pour le terreau, dans l'immédiat, je n'ai pas de marque de prédilection donc je prends ce qui vient mais l'important c'est qu'il soit bien décomposé. Certains le tamise !
Passons au contenant de base ... j'utilise une mini serre classique d'intérieur environ 52x42 hauteur 24 cm. J'ai ôté le couvercle pour la plupart de mes premières expérimentations en intérieur. Il sera utilisé au printemps sous serre froide.
Pour l'éclairage, j'ai besoin d'une lumière artificielle de type horticole. J'ai opté pour le kit néon Starlite 2x55w.
La lumière émise par le néon à son importance. Comme, je fais du semis, j'ai opté pour un spectre de couleur élevé environ 6400K° (cool-white). Il faut prévoir un remplacement des néons tous les ans.
Si la température du lieu de stockage de vos semis tourne au alentour de 15 à 20°C, les dépenses peuvent s'arrêter là sinon il peut être important de rajouter un système de chauffage. Pour tout vous dire, c'est ce que j'ai fait. Pour cela, j'ai ajouté à mon caddy un câble chauffant et un thermostat électronique pour éteindre la résistance chauffante en fonction d'une température de consigne et dans une fourchette de température donnée (par exemple 22°C +/- 2°C). C'est un peu luxe et technique mais on ne se refait pas ...
Passons au support de culture, j'utilise des plateaux de 60 cellules garnis avec mon terreau à semis. Deux plateaux d'une capacité totale de 120 cellules s'adaptent aux dimensions internes de la mini serre. On trouve tout ça en jardinerie, sur le net ou dans les grands villes chez les vendeurs de culture hydroponique, indoors et autre growshop ...
Pour m'y retrouver, je n'utilise pas d'étiquette. Ca prend de la place, ça demande du travail et ça doit supporter les arrosages et les pulvérisations. Bref ça ne me plaît pas. J'ai donc opté pour un marquage simple, un peu comme sous un tableur Excel et tout est référencé dans un carnet. Seul hic, ne pas perdre ce fameux carnet !!
Dans le cas de plusieurs plateaux, j'ajoute et j'entoure le numéro du plateau. Une entrée dans ce calepin peut ressembler à ça :
10/09/2013 semis 1-DEF2 Papaver orientale 'Perry's White'
En d'autres terme, j'ai semé le 10/09 dans le plateau 1 à la cellule D, E , F de la colonne 2 des graines de Pavot 'Perry's white'.
Pour la préparation du terreau, on peut faire simple en utilisant du terreau semis tout prêt mais on peut y ajouter du sable (type sable de Loire) et plus important il est conseillé de le stériliser au four ou au micro onde. J'ai essayé au four pendant une heure à 180°C. On doit pouvoir optimiser tout ça pour différentes raisons (odeur de cuisson, excès de température ou du temps de cuisson).
J'y vois deux avantages : l'élimination des germes pathogènes responsables de la fonte des semis, mais également le ralentissement de l'apparition des mousses (voir leur absence totale). J'ai en effet remarqué qu'il n'y avait pas de mousse sur mes cellules stérilisées même après un mois d'arrosage.
Mes derniers semis réalisé sans stérilisation du terreau et sans sable |
Je dispose 1 à 3 graines selon la taille par cellule en les déposant en surface. Je suppose que les graines sont prête à l'emploi (stratification par couche froide à prévoir dans certains cas). Elles ne sont pratiquement pas enfoncées dans le substrat. Sur ce dernier, je dépose une fine pellicule de charbon actif préalablement pilé. On peut trouver le charbon dans le rayon aquariophilie pour quelques euros. Je vous renvoie à cette article pour plus d'informations.
Enfin, le petit plus est d'ajouter un chouïa de poudre de cannelle. En effet, la cannelle a un effet bénéfique contre la fonte des semis et en plus ça sent bon !
Pour l'arrosage, j'utilise un vaporisateur contenant de l'eau propre à température de la pièce. Je complète par des arrosages d'une infusion de camomille refroidie à la température de la pièce. La camomille est appliquée en préventif pour éviter l'apparition de maladie. Là encore, je n'ai rien inventé mais ça ne me coûtait pas grand chose d'essayer. Par contre, je ne sais toujours pas si la variété de camomille est importante. J'utilise la camomille romaine à cette fin.
un bidon à tétine convient très bien pour l'arrosage ! |
Après tout ça, je ne sais pas si quelques choses peut encore vous arrivez à part le fait que le semis ne démarre pas. Il peut y avoir plusieurs facteurs : la température (trop basse, trop élevée), le délai de germination peut prendre plusieurs semaines, les graines ne sont pas viables.
Pour la transplantation, c'est à dire repiquer mes semis en godet, j'effectue l'opération un peu au pif quand je sens que le semis n'évolue plus significativement dans sa cellule. Il faut au moins 4 feuilles. Si les racines sortent largement de la cellule, il faut songer à transplanter le semis. Pour extraire la motte de sa cellule, j'utilise le bout plat d'un crayon à papier ou un petit outil cylindrique que l'on insère par le trou présent au fond de la cellule, ça vient facilement.
Enfin, j'ulise le même terreau semis/rempotage pour la transplantation. J'ajoute à ma préparation un peu d'osmocote (engrais bille à diffusion lente) pour que la plante ne meurt pas de faim pendant la phase d'attente hivernale. Cet engrais doit permettre à la planter de tenir six mois dans son pot.
Echinacea 'Green Envy' |
Echinacea 'Snow Storm' |
Pois de senteur 'Spencer blue' |
Mélica ciliata |
Début de l'acclimatation en serre froide, au bout de quelques semaines la croissance de la plante devient importante.
Premier semis de pavot orientaux transplantés au bout d'un mois. |
Voilà, c'était un peu long et je vous remercie de m'avoir suivi jusqu'au bout. Je posterai régulièrement le temps nécessaire à la germination de mes semis. Si vous souhaitez éclaircir un point obscur, il n'y a qu'à demander.
Non ce n'était pas ennuyant, très intéressant au contraire. Je le pose une question… N'est-ce pas préférable les semis en mars?
RépondreSupprimerEn fait il y a pas mal de vivaces qui demandent plus d'un an avant de fleurir. Certaines devrait fleurir dès l'année prochaine. Le challenge, c'est de maintenir tout ce beau monde en vie durant l'hiver.
SupprimerEn mars, je ne pourrais pas tout semer et j'ai peur d'être débordé par l'attrait de la nouveauté alors j'étale et j'apprends.
Quel professionnalisme !!! J'en suis baba d'admiration et je te tire mon chapeau !
RépondreSupprimerMerci Isabelle, l'explication se trouve dans mon portrait à la première question :)
SupprimerWaouh! toujours aussi intéressant ton blog! Si dans mes très vieux jours , je trouve le temps de faire des semis en serre froide...je ferai...juste comme tu as écrit!! si! C'est vrai que l'hiver ici ne me prive de travail au jardin guère plus que quinze jours, trois semaines à tout casser. Ce n'est donc pas aussi vital pour moi. Sauf peut-être en début de printemps pour les annuelles qui se repiquent! Merci!
RépondreSupprimerC'est intéressant aussi quand tu as très peu de graines (c'est mon cas) et que tu veux maitriser le développement. Je vais être incollable sur la reconnaissance des jeunes pousses :D
Supprimerwaou ! je suis à des années lumières de tout ça :) mais j'ai pris des notes ! surtout pour la cannelle et la camomille ! Chez moi il faudrait que je m'équipe de néon car si le taux d'humidité est excellent, comme la température par contre la lumière est insuffisante !
RépondreSupprimerBonne journée :)
Lydie
Il y a plusieurs technologie pour les lampes horticoles. J'ai choisi la référence indiqué pour sa faible conso ainsi qu'une libération de chaleur réduite. C'est important quand la lampe se trouve à quelques centimètres du semis. Il faut tout de même humidifier régulièrement (quasi tous les jours). En conservant le couvercle, on peut réellement limiter l'arrosage mais il faut une source de lumière plus adaptée et la mini-serre se transforme vite en cocotte vapeur avec des températures nettement supérieures à 25°C.
SupprimerJ'ai une serre chauffante et j'utilise un terreau pour semis qui pour le moment, semble pleire à mes petites graines. Je n'ai jamais de problème de fonte de semis mais quand je sème en hiver ( les graines du Seeds of love par exemple) j'ai une problème avec le manque de lumière.
RépondreSupprimerSuper interessant, ton post, je ne connaissais pas l'astuce de la cannelle.
Bonne soirée
Bonsoir Sylvaine, il faut effectivement une lumière avec un spectre adapté au développement des semis. Je laisse mon néon allumé 14h par jour.
SupprimerTotal respect,
RépondreSupprimermieux qu'un pro (et je sais de quoi je parle ;-)
Avec toi c'est de l'artillerie lourde pour un résultat optimal, bravo !
Mais dis moi avec tous ces achats (chauffage, eclairage, ...), les vendeurs devaient croire que tu installais une culture de plantes exotiques illégales !
Bravo encore et merci pour toutes ces explications.
Oui David, tu as raison et je dois dire que j'ai acheté mon éclairage dans une boutique spécialisée. J'ai trouvé ça très gênant en fait. J'ai même fait remarquer à mon épouse que maintenant on était aussi connu de la DGSE.
SupprimerMoi aussi j'achète mes lampes horticoles dans des magasins un peu bizarres :-) Mais c'est le top pour le matériel !
SupprimerEn tout cas, j'admire ton perfectionnisme ... je n'ai plus le temps de faire tout ça, du coup, je sème moins, mais peut-être qu'à la retraite ... :-) D'ici là, je note le coup de la canelle que je ne connaissais pas. Ça a marché ?.
Coucou Florence,
SupprimerJusqu'à preuve du contraire, je ne peux que dire : "oui ça marche !" ;)
Ça c'est un article vraiment top ! Bravo pour le professionnalisme avec lequel tu te lances dans les semis ! Tu es drôlement équipé ! Chez moi, ça reste plus "expérimental" .... La cannelle, je connaissais mais pas la Camomille. J'ai un peu semé en septembre mais en laissant les alvéoles à l'extérieur et ça lève ! Il faudrait d'ailleurs que je rempote. Mais qu'est-ce que tu m'as donné envie de resemer...
RépondreSupprimerTu as raison Marie, c'est très excitant en fait cet attrait de la découverte et de voir toutes ces étapes qui s’enchaînent. Au début, tu t'impatientes, puis tu t'habitues et après ça devient le rituel matin et soir pour voir si tout se passe bien. C'est une vraie drogue !
SupprimerJe suis super impressionnée Arnaud !!! A côté de toi je bidouille ;)
RépondreSupprimerJe trouve que les alvéoles c'est le top pour les semis moi qui avais l'habitude de semer dans des bacs de chez mon poissonnier, cela a changé ma vie .
Je ne connaissais pas le truc de la cannelle ni celui de la camomille et je note.
On se tient au courant pour les résultats .
Bonne soirée.
Pas de problème Laetitia. A bientôt.
SupprimerJ'ai la mémoire qui flanche c'est sans doute toi le "jusqu'auboutiste" du tag. Quel travail ! Cela aurait pu être amusant de faire un semi sans traitement ni passage au four pour comparer et voir si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Mais merci pour les tuyaux, je referai quelques semis au Printemps.
RépondreSupprimerBonjour Maryline, j'avais juste ajouter 'Perfectionniste'. Sans traitement, il y a l'apparition de champignon systématiquement. Comme des petites boules à la surface du substrat et quand on arrose, on voit sous le néon un petit nuage (de spore sans doute) qui se trouve dispersé sur les cellules voisines. Avec mon préventif, je n'ai pas ce problème.
SupprimerTu es super bien équipé et j'en reste baba mais là où je reste curieuse, c'est sur le maintien tout l'hiver de tes semis. Les semis d'automne ont toujours été ma hantise !!
RépondreSupprimerBonjour Louli,
SupprimerJe me pose ces questions également. Pour le moment, tant qu'il ne fait pas trop froid, les plantes restent dehors pour l'acclimatation. Je vais bien surveiller le thermomètre et rentrer ce beau monde si on descend sous -5°/ -10°C. En intérieur, j'utiliserai ma lampe horticole pour remplacer le soleil. Aujourd'hui le dernier plateau est en germination mais après stop jusqu'en février. Je remonterai mon expérience dans quelques mois.
Encore une fois, quelle organisation! Tout le contraire de moi. Je devrais en prendre de la graine (c'est le cas de le dire). J'ai essayé aussi quelques semis cet automne pour ne pas encore frôler le burn out au printemps...
RépondreSupprimerEn fait je me rend compte que la nature nous a simplifié la vie et que beaucoup de graines germent facilement à l'extérieur mais sont plus difficiles à dompter en intérieur. Effectivement, cela peut devenir technique !
SupprimerJe me joins à tout le concert d'émerveillement !
RépondreSupprimeret moi non plus je ne connaissais pas ni la cannelle, ni la camomille..
J'avais juste reçu le conseil de mettre du marc de café dans la terre de semis
Je n'aurai pas le courage et l'énergie de faire tout ce travail ! mais après, c'est sur que c'est top d'avoir SES propres plantes chez soi.
Je suis très curieuse de voir l'évolution de tous ces semis.
Déjà les boutures, je viens de les couvrir ce matin de plein de feuilles mortes.. et je tremble pour elle.
Je ne sais pas comment ça se fait, mais une plante semée ou bouturée ou plantée chez moi.. je m'en sens responsable (abreuvée de St Ex dans mon enfance ?!?)
et donc, parfois je préfère m'abstenir pour ne pas trop vivre les affres de la culpabilité en cas d'échec.
Je te comprends Françoise ;)
SupprimerDans ton cas, je pense qu'une belle serre à l'ancienne pour les années à venir serait un must pour ton jardin.
Isabelle m'a fait découvrir ton blog et j'en reste scotchée !!!
RépondreSupprimerQuel professionnalisme ! j'en suis bien loin !
Où puis-je acheter cet éclairage à prix raisonnable ?
MC
Bonjour Marie-Claude,
SupprimerJe ne sais pas où tu résides mais on peut trouver ce matériel sur n'importe quel site de vente spécialisé. Ces enseignes légales ont souvent une boutique dans chaque grande ville. Fait une recherche sous google avec "Starlite 2x55W germination". Il faut compter environ 75€. Les néons se changent tous les ans s'ils sont utilisés tous les jours.
Bonjour Arnaud,
RépondreSupprimerVoilà de précieuses informations pour les nulles du semis comme moi qui aimeraient bien tenter... Du charbon pilé, de la cannelle en poudre et de l'infusion de camomille, je n'y aurais jamais pensé... Merci et bonne journée !
Heu... Question bête : tu dis que le filage peut être dû à un manque de soleil... Mais le soleil ne risque-t-il pas de brûler les jeunes pousses si la terrine avec les semis est posée derrière une vitre, par exemple ?
RépondreSupprimerBonsoir Gisou, quand je parle de "manque de soleil", il faut entendre par là un manque de lumière. Ce qui brûle la plante, ce sont les UV et la déshydration rapide du végétal. Il faut mettre un filtre (voilage par exemple en intérieur) ou mieux film horticole (ils sont traités anti UV) pour les serres d'extérieures.
SupprimerTrès très intéressant, merci j ai la réponse sur le fil chauffant.
RépondreSupprimerCet article est une vrai mine d'informations. merci Arnaud. Par ta faute je vais sans doute investir dans un néon ;-)
RépondreSupprimertu n'utilises jamais de perlite ou de vermiculite pour tes semis ?